Résistance écologiste et anticapitaliste contre les mines de charbon en Allemagne : appel à participation au camp action climat du 26 juillet au 3 août 2014

Convergences estivales des luttes politiques et environnementales en Europe

 

Chaque été, de nombreux événements et rassemblements alternatifs ont lieu un peu partout en Europe. Ces manifestations d’ampleurs diverses permettent de ramener sous le feu des projecteurs des luttes politiques, écologiques et sociales importantes.

L’événement le plus connu aujourd’hui en France est celui sur la ZAD (Zone à aménagement différé, devenu Zone à Défendre) de Notre-Dame-des-Landes, devenu en quelques années le grand rendez-vous militant de l’été, symbole de la lutte contre les projets inutiles, et parallèle historique avec la lutte du Larzac. Mais bien plus existent, souvent moins connus mais tout aussi militants, comme les camps No Border, par exemple, en soutien aux migrants-es, les camps anti-G8/G20 des dernières années, le FanFest de Rosia Montana en Roumanie (contre un projet de mine d’or), ou plus récemment le rassemblement d’Alternatiba à Bayonne qui tend à essaimer un peu partout en Europe des villages alternatifs, et ce d’ici 2015, date de la conférence des Nations Unies sur les changements climatique qui aura lieu en France.

Je voulais vous parler ici en particulier des camps climats, notamment pour répercuter un appel à un camp en Allemagne cet été contre l’extension de la mine de charbon de Garzweiler, entrainant la destruction de forêts, de nombreux villages et touchant plus de 7600 habitants.Pour un bref historique, un des premiers camps climats en Europe a eu lieu en 2007 en Angleterre, installé juste à côté de l’aéroport d’Heathrow (le premier fut en août 2006 dans le Vale de York, contre la centrale nucléaire de Drax). Ce campement écologiste entièrement autogéré, qui dura une semaine, et accueillit alors des milliers de personnes, avait pour objectif de dénoncer le projet de construction d’une troisième piste d’atterrissage à partir d’actions, promouvoir des modes de vie alternatifs et respectueux de l’environnement et avoir une empreinte écologique minimale pendant le rassemblement.

Depuis, de nombreux camps actions climats ont eu lieu dans différents pays européens, notamment en France (le dernier fut en 2010 à NDDL) et en Allemagne. Comme vous savez peut-être, l’arrêt du nucléaire dans ce pays a provoqué le redémarrage de plus d’une vingtaine de mines de charbon responsables de l’augmentation des émissions de carbone dans l’atmosphère (selon un article du Canard Enchaîné, l’Allemagne aurait augmenté ses émissions de CO2 de 2% en 2012) . Plus précisément, il s’agit de la variété la plus toxique de charbon qui est exploité, la lignite. Ces mines à ciel ouvert fonctionnent aujourd’hui à plein régime, s’avérant extrêmement destructrices pour l’environnement, rasant sur leur passage villages, forêts, routes ou encore voies ferrées.

 

Résistance écologiste contre les mines à ciel ouvert dans la Hambacher Forst

 

Rien ni personne n’arrête le travail implacable des plus grosses machines d’extraction au monde présente en nombre là-bas (j’en ai compté plus de 14 l’an dernier)  quand les conséquences de leur réouverture sont désastreuses. Personne? Sauf peut-être un petit village perché dans les arbres du côté de Cologne appelé…la Hambacher Forst 🙂 Depuis plusieurs années maintenant, des dizaines de militants-es occupent une forêt autour des mines de la région, la Hambacher Forst, pour tenter de stopper l’avancée de la mine de Manheim et de Garzweiler.

Hambacher 2

Malgré les trois expulsions policières et la destruction de leurs cabanes hautes perchées qu’ils ont dû affronter, les militants-es sont revenus-es chaque fois, reconstruisant leurs habitations dans les arbres, refaisant tranchées et barricades au sein de la forêt, et continuant leur lutte contre RWE, le jumeaux allemand de EDF gérant ces mines. Pour la petite histoire, lors d’une expulsion de la Hambacher Forest en 2012, un militant a passé 4 jours dans une cavité creusée à 3 mètres sous terre en dessous d’un des chemins forestiers afin de ralentir l’avancée de machines et de la police venant détruire leur campement.

Hambach mine        Vue aérienne de la mine de Hambach…

Ces militants-es sont déterminés-ées à résister sur le terrain, mais tout appuie et soutien sont les bienvenus! Les bois sont grands et les arbres sont haut! Ils ne sont d’ailleurs pas seuls-es, car de nombreux autres occupations ont lieu dans le pays. Reste à les connaitre, et l’information passe peu entre nos deux pays, surtout quand il s’agit de luttes militantes.

Dans la continuité de cette lutte environnementale et anticapitaliste, un camp action climat est organisé chaque été depuis 2010 non loin des mines de charbon de Manheim et Garzweiler, dont la première fait aujourd’hui quasiment la taille de la ville de Cologne, c’est à dire 10 kilomètres sur 10 kilomètres.

Mines cologne                             Plan des mines de charbon (cliquez sur l’image pour le détail)

Aussi, quel meilleur moment que cet été pour venir au prochain camp qui se tiendra du 26 juillet au 3 août 2014 près de Cologne, du côté de Borschemich, où se situe une deuxième mine à ciel ouvert, au nord de celle plus grande de Manheim.


Camp climat : résistance et alternatives au système

 

Ce camp d’une semaine sera entièrement autogéré et autofinancé par les militants-es autonomes, les collectifs, mouvements et associations se joignant à l’événement. L’an dernier, une cuisine autogéré néerlandaise (la plus ancienne cuisine militante d’Europe, appelée Rampenplan) permit de cuisiner vegan pendant deux semaines, tandis qu’un boulanger français faisait plus de 1200 kg de pain pour toute la durée du camp.

Les journées sont bien remplies, entre des ateliers (ou « worshops », que vous pouvez vous-même proposer) de toute sorte, des actions sur le terrain pour tous les goûts, des assemblées quotidiennes, entre questions d’organisation, débats, projections, et rencontres avec des militants-es écologistes venant de dizaines de pays européens. Pour celles et ceux qui auraient des difficultés linguistiques, aucun problème, un collectif de traduction autogéré, le collectif BLA, s’est formé il y a deux ans afin de proposer, matériel inclus, des traductions simultanées en plus de 5 langues des assemblées. De nombreuses infrastructures sont installés sur le camp, avec cuisine, coin vaisselle, chapiteau, divers tentes et marabouts (pour l’accueil, les activités, les batteries pour les panneaux solaires), des toilettes sèches et des douches solaires (y compris pour les enfants).

Rassemblement militant pour agir pour la défense de l’environnement, ce camp est aussi un moment de réflexion sur des modes de vie alternatifs, et l’occasion de vivre et/ou d’apprendre sur le terrain les principes d’autogestion collective. C’est l’opportunité de connaitre les membres de communautés, de fermes collectives et/ou de différents lieux de luttes en Europe et dans le monde menant sur le terrain de nombreuses expériences politiques et sociale encore considérées comme utopiques par ses détracteurs-trices, mais pourtant bien réels, concrètes, et démontrant les nombreuses possibilités de vie alternatives. Le tout, sous l’œil et la surveillance active la police postée au quatre coin du camp et de ses alentours 24h/24h, ou presque.


Action direct et désobéissance civile : l’exemple d’un blocage de train de charbon

 

Le moment le plus intéressant, et le plus actif, sera certainement la journée d’actions du 1er août, où diverses actions directes, non-violentes et de désobéissances civiles auront lieu contre l’extension et le fonctionnement des mines. L’an dernier, des exercices de désobéissance avaient été organisé, et plus de 40 groupes affinitaires s’étaient formés pour le jour J, durant lequel nous avions bloqués à plus de 180 une voie ferrée pendant plus de 8h, suite à une manifestation en ras campagne.

La cible était symbolique, mais importante, car chaque jour qui passe, un train chargé de charbon part tous les quarts d’heure (24h/24h) de la mine de Manheim en direction des centrales électriques situées non loin. Huit heures de blocage pacifique, accompagnés-ées d’un Pink Block, c’est-à-dire une batoukana, ayant joué plsu de 7h jusqu’à leur évacuation, ainsi que de la cuisine autogérée, venue servir soupes, pain frais et café en plein milieux des voies! Quatre heures après le début, les policiers allemands venus en nombre commencèrent l’évacuation des voies, et d’une façon bien particulière.

 

2013_Gleise.klein_                                                                      L’occupation des rails en question

Afin de résister pacifiquement le plus longtemps possible, nous avions formé en plein milieux des voies un carré composé de 3 rangs de militants-es bras et jambes entremêlés sur deux côtés, et 2 rangs sur les deux autres, ainsi que de la batoukana, des médiateurs-trices et « anges gardiens » (médic’ et besoins en eaux et nourritures) situés-ées au centre ou en extérieur. La police nous entoura, après avoir installé un campement dans un champ proche, et creusé un escalier à même une bute de terre avec l’aide de pompiers afin de pouvoir nous sortir des voies. Puis, un policier demandait à chaque militant-e, un-e par un-e s’il-elle désirait partir par « la manière douce, ou la manière forte ».

Une fois la réponse obtenue (ou pas), très souvent négative, une demi-douzaine de policiers se ruaient alors violemment sur le ou la militante, mettant en oeuvre « la manière forte » jusqu’à l’extraire du groupe. Coups de poings en pleine figure, coups de pieds dans le dos, le ventre, bras et doigts tordus, cheveux tirés, insultes et violence gratuites, menaces, pour ensuite trainer chacun-e d’entre nous des rails jusqu’aux escaliers de fortune menant au haut de la butte. Une fois là-bas, nous étions fouillés-ées, questionnés-ées puis pris en photo, avant d’être mis dans un bus qui ramena de 15h à 21h l’intégralité des militants-es au campement.

Au final, nous avons réussi à bloquer à 180 l’acheminement du charbon pendant une journée, mobilisant de nombreuses forces de police, mais comptant en fin de journée plus d’une trentaine de blessés-ées dans nos rangs, certains assez graves, et plusieurs personnes arrêtées. Imaginez seulement que nous soyons cette année le double, ou le triple de militants-es, nous pourrions alors démultiplier l’ampleur et l’impact de ces actions de désobéissance civile tout autour des mines.

Vous trouverez grâce aux liens ci-dessous les informations nécessaires pour vous rendre là-bas, et approfondir vos connaissances sur les différentes luttes environnementales qui agitent l’Allemagne.

 

Klimat camp 2014

Un camp, deux camps, trois camps, la résistance est fertile!

 

Alors que j’allais poster cet article, j’ai trouvé les dates de plusieurs autres camps climats organisés durant tout l’été en Allemagne, contre des mines à ciel ouvert, mais également la construction d’autoroute. Les activistes écologistes allemands semblent sacrément en forme cette année! On peut dire que la résistance est fertile 🙂 Je vous mets donc en dessous les dates et liens pour trois autres camps autogérés cet l’été. Si jamais vous connaissez d’autres dates, n’hésitez pas à m’écrire pour que je les rajoute, ou bien poster un commentaire.

sehlis_plakat_neu

– L’un est organisée par le collectif Reclaim the Field contre une autoroute (la B87n), et basé sur les mêmes principes que le camp action climat de Borshemisch. Les dates de celui-ci sont du 9 juillet au 13 juillet, à Sehlis/Taucha, près de Leipzig.

– Le suivant, intitulé Save the future, aura lieu du 11 au 13 juillet, à Hohenmölsen-Lützen.

– Enfin, le Lausitzcamp se déroulera à la frontière entre l’Allemagne et la Pologne, à Kerkwitz, du 16 au 24 août 2014.

Bon été militant!

 

Quelques liens pour aller plus loin:

– Un article du Canard Enchaîné sur la réouverture des mines de charbon en Allemagne: http://www.gl3mf.fr/Documentation/20130828-Canard-enchaine.html

– Quelques photos du camp climat de 2013: https://secure.flickr.com/photos/100963658@N02/with/9641098628/

– Le site web de Reclaim the Field: http://www.reclaimthefields.org/fr

– Celui de l’occupation de la Hambacher Forst: http://hambacherforst.blogsport.de/ , ainsi que quelques photos de la forêt: https://www.flickr.com/photos/123970153@N06/

– Le site du camp RTF à Sehlis/Taucha: http://aktionscampsehlis.blogsport.de/

– Le site du camp action climat à Borshemisch, près de Cologne: http://www.klimacamp.ausgeco2hlt.de/

– Site de la cuisine mobile, vegan et militante Rampenplan: http://www.kollektieframpenplan.nl/indexb.php?art_id=57&vlag1=3&vlag2=50

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